Un Feydeau sans maris volages, sans cocottes, sans portes qui claquent! Retrouvez dans cette pièce de jeunesse tout le talent de l’auteur, sa virtuosité de langage, ses malentendus en chaîne et sa mécanique du rire implacable. C’est vif, c’est absurde… et c’est surtout très drôle!
Dans sa folie des grandeurs, le bourgeois Pacarel veut imposer une composition de sa fille à l’Opéra de Paris. Son plan ? Engager le ténor le plus en vue du moment grâce à l’entremise de son ami Duffauset. Quand un jeune homme se présente chez lui de la part de Duffauset, Pacarel ne doute pas un instant qu’il s’agisse de l’artiste de renom et lui réserve un accueil triomphal. L’arrivée de ce garçon, qui chante comme une casserole et ne laisse pas les dames indifférentes, va déclencher un tourbillon de quiproquos presque surréaliste.
Après Le Voyage de Monsieur Perrichon de Labiche en 2015, Cécile Van Snick nous régale à nouveau avec ce savoureux vaudeville. Sur scène, huit comédiens complices donnent vie à ce petit monde vaniteux qui risque de déchanter… pour notre plus grand plaisir !
Cécile Van Snick met en scène ce vaudeville de Feydeau avec habileté et une touche de modernité. (…)
Fin, drôle, cocasse et plein d’esprit, ce Chat en poche fait que vous ne serez pas déçu de la marchandise.
La Libre, Stéphanie Bocart, 28 novembre 2019
Dans le rôle du faux ténor (le bien nommé Duffauset), le formidable Arthur Marbaix est comme l’œil de la tornade. Autour de sa personne, d’une arrogance candide, gravitent des personnages névrosés, toniques porte-étendards de la bêtise et de l’aveuglement d’un petit monde vaniteux. Nous l’avons rencontré.
Qu’est-ce qui vous séduit dans ce vaudeville de Feydeau?
La complicité et le bonheur de jouer avec mes partenaires du Théâtre Jean Vilar et l’exigence de Feydeau, son tempo, c’est comme une partition musicale, ce qui me plaît énormément. Avec lui, inutile de rajouter des mots, il suffit de respecter la ponctuation, les dialogues sont d’une mécanique infernale… sans en avoir l’air. Tout est inventé avec une précision telle que ça ne se voit plus. Avec Feydeau, Il n’y a pas intérêt à louper la marche, et si il y a des erreurs, ce qui arrive, dans une équipe comme la nôtre où l’on est tous très à l’écoute,
ça rajoute encore de la vie à la pièce.
Pour moi, ce qui est remarquable chez Feydeau, c’est ce pouvoir prodigieux qu’il a de faire rire… infailliblement, mathématiquement, à tel instant précis et pendant un nombre défini de secondes. Ensuite, quand on pense que ses pièces ont vu le jour à une époque où les romantiques comme Musset tenaient le haut du pavé, je trouve que c’est assez fou d’avoir écrit des choses aussi barrées. Feydeau était un observateur lucide de de son temps, jusqu’à faire basculer sa vision dans les derniers retranchements de la bêtise humaine. Il a d’ailleurs été salué par certains comme l’héritier de Molière.
Peut-on dire que Feydeau est toujours d’actualité ?
Feydeau peut être actuel par bien des aspects. Pour le reste, l’homme du XIXe, du XXe ou du XXIe siècle, tout comme les femmes, ont les mêmes préoccupations: Feydeau l’a bien compris en jouant sur le langage, l’esprit des dialogues, les malentendus en chaîne entraînant ses personnages dans un tourbillon de quiproquos où surgissent les pensées inavouables : mépris de l’autre, jalousie, égocentrisme féroce, rêves de gloire ou pulsions sexuelles. Donc oui Feydeau est très moderne en fait.
Et vous, Arthur Marbaix, à quel instant, précis, riez-vous le plus dans la pièce ?
De manière générale, j’adore l’écoute et la respiration avec mes partenaires, quand tout à coup, je suis surpris par eux, quand ils me proposent une intonation que je n’avais pas encore entendue, un moment que je n’avais pas encore vu. Plus personnellement, j’aime énormément, vers la fin de la pièce, la réplique entre Lanoix de Vaux, le supposé futur gendre et Pacarel. Lorsque le premier dit au second: « Je ne veux pas m’imposer. Madame aime Monsieur !», et ajoute : « Je prendrais votre seconde fille ». Ce à quoi Pacarel répond : « Je n’en ai pas » et Lanoix de Vaux réplique : « Je ne suis pas pressé ! »
Nous, si. On est impatient de voir ce Chat en Poche qui s’annonce aussi étincelant qu’un beau sapin de Noël. F.L.