Laurence Bibot : “À la télé, les femmes étaient traitées comme des enfants jusque dans les années 70”

Par Nadine Wergifosse – Entrez sans frapper – La Première

Des archives télévisées de la Sonuma, l’humour parodique et légendaire de Laurence Bibot, quelques perruques et autres costumes et puis vient l’idée : montrer l’évolution de la condition des femmes depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui à travers le prisme de la télévision. Je Playback est à (re) découvrir sur scène avec une Laurence Bibot multifacette et féministe façon ‘drôle et belge’. Elle était l’invitée d’Entrez sans Frapper sur La Première.

 

Créé l’année dernière à La Louvière, en reprise partout en Wallonie et à Bruxelles, Je Playback est un melting-pot choisi par Laurence Bibot parmi les archives de la Sonuma : “C’étaient de longs après-midi d’ennui. D’ailleurs, je fais l’éloge de l’ennui dans le spectacle. Je chipote et je trouve une archive de Dominique Rolin […] Je trouve qu’elle dit des trucs énormes sur le féminisme, que la femme doit être un petit animal et qu’elle doit être soumise. J’en fais un petit play-back qui n’a jamais été diffusé, mais c’est là que ça commence“.

 

La comédienne se prend au jeu, crée 180 capsules qui deviendront sur scène, une galerie d’environ 40 personnages. Une sélection qui comprend entre autres Annie Girardot, Sophia Loren, Marguerite Duras, Amélie Nothomb, mais la plupart sont des Madame ‘tout le monde’ : “Quand on va chercher la représentation des femmes dans les médias depuis les années 60 à aujourd’hui, on écrit leur histoire malgré soi“.

 

​​Une nostalgie d’une télévision belge des années 60 et 70

Laurence Bibot note quelques particularités typiquement belges, en regard des archives françaises qu’elle consulte aussi par ailleurs : “J’ai découvert des reportages assez longs qui étaient faits par des gens qui, à mon avis, ont voulu faire du cinéma. […] Ce sont des pépites de 20, 30 minutes sur des hôpitaux psychiatriques, des familles… Là tout à coup, on a toute une tradition fabuleuse de documentaristes et de cinéma social“.

 

Farandole d’accents et truculence sont aussi pour Laurence Bibot un trait ‘à la belge’, contrairement à la France : “On est vraiment beaucoup entre le folklorique et le pittoresque et il n’y a pas de filtres […] Les archives belges regorgent de pépites de personnages assez truculents qui parlent sans défense ou sans filtres“.

 

Pour elle, l’émission Strip-tease dont elle a emprunté beaucoup de personnages, a été assez novatrice pour aller chercher des gens qu’on n’entendait pas et qu’on n’écoutait pas et qu’on ne montrait pas : “On les connaît tous, mais on ne les avait jamais vus à la télé

 

Une galerie de femmes pour donner une vision féministe à “Je Playback”

Une caissière, une femme au foyer, une bourgeoise… des archétypes féminins qui sont apparus au fur et à mesure à la suite de nombreux visionnages comme l’explique Laurence Bibot : “Ce n’est pas venu tout de suite, mais j’ai constaté que les femmes à la télé étaient traitées jusque dans les années 70 comme des enfants, des êtres à part […] On leur pose toujours les mêmes bêtes questions […] J’essaie de leur rendre justice, d’être sans jugement, de ne pas me foutre d’elles… sauf quand elles sont odieuses ou méchantes !

 

Une évolution dont témoignent les archives et dont Laurence Bibot dira pour conclure : “On voit que ça évolue, que ça bouge, heureusement on donne la parole différemment aux femmes aujourd’hui“.