Une pelle dans un coffre, un déjeuner manqué… : qu’est-il arrivé à Bénédicte ?

Critique Stéphanie Bocart (Libre Culture 6/4/23)

Ce devait être un paisible déjeuner de famille, comme nombre de parents aiment à recevoir chez eux leurs enfants et beaux-enfants. Ce devait, car, pour Jean (Daniel Hanssens) et Elisabeth (Marie-Hélène Remacle), les événements vont prendre une tournure étrange, inquiétante puis carrément glaçante.

Leur fille, Bénédicte (Inès Dubuisson), et Matthieu (Clément Manuel), son mari, viennent de rentrer d’un séjour en Égypte. Ils sont attendus dans la maison de campagne de Jean et Elisabeth. Matthieu arrive en premier, seul. Il a ramené un petit souvenir à son beau-père : la réplique d’un masque mortuaire découvert dans la tombe de Ramsès II. “Bénédicte n’est pas là ?”, s’enquiert Elisabeth. “Elle arrive”, lui répond mollement Matthieu. Le temps passe, mais toujours pas de Bénédicte. Ses parents commencent à s’inquiéter, d’autant que les explications de leur beau-fils sont pour le moins évasives voire farfelues. Chez Jean, l’angoisse et la colère montent. “Pourquoi y a -t-il une pelle dans ta voiture ?”, l’interroge Elisabeth, folle d’inquiétude. Qu’est-il donc arrivé à Bénédicte ?

 

Du rire à l’effroi

Soupçons, mensonges, illusions, petites phrases assassines, coups d’éclat…, pour son dernier spectacle de la saison, la Comédie de Bruxelles a porté son choix sur une pièce tout aussi amusante que follement déroutante : Ramsès II de Sébastien Thiéry.

Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que Daniel Hanssens, à la fois à la mise en scène et sur le plateau, maîtrise de bout en bout ce thriller diablement ficelé. Sébastien Thiéry a, de fait, cousu un texte avec tous les fils d’un suspense trépidant, mais brodé de répliques drôles et piquantes. En un claquement de doigts, le spectateur passe ainsi du rire à l’effroi.

Si l’histoire tient si bien le public en haleine, c’est aussi parce que les quatre comédiens campent leur personnage à la perfection. Daniel Hanssens excelle en père de famille en chaise roulante, dévoré par l’angoisse et les soupçons. Face à lui, Clément Manuel est épatant en gendre dangereusement lunatique. Quant aux personnages mère – fille, leur flegme, qu’elles manient avec justesse, tranche avec l’omniprésente tension du récit.

C’est sûr, on sort décontenancé, même interpellé, de Ramsès II tant Sébastien Thiéry, à l’image des pyramides que les pharaons voulaient toujours plus grandes et plus hautes, a poussé son histoire aux extrêmes. Mais ce n’est que pour mieux nous remettre les pieds sur terre…

 

Au Centre culturel d’Uccle du 18 au 23/4