“Merveille” : l’odyssée d’une émancipation héroïque face aux violences domestiques

Par Louis Thiébaut (RTBF)

Durant l’automne, le Théâtre Martyrs exporte sa rentrée au Centre Culturel d’Uccle. Après une ouverture de saison avec “Presque Hamlet”, c’est à la pièce de Jeanne Dandoy, “Merveille”, d’investir la salle jusqu’au 15 novembre. Une salle rapidement plongée sous tension tandis que se déroule le récit de son héroïne.

 

“Merveille” : des ténèbres à la lumière

Photographie de la représentation de “Merveille” au Centre Culturel d’Uccle.

Dans l’obscurité, un son fort et violent retentit. Des coups ? Une porte claquée ? Un battement ? Peut-être celui du cœur de notre héroïne. Puis tout devient clair. Nous sommes dans un appartement, au sol gît le corps sans vie d’une femme. Tout est saccagé, détruit par la violence de la scène qui vient de s’y dérouler. Mais une bonne fée apparaît. Entre rêve et réalité, elle accorde d’un coup de baguette magique, une seconde chance à cette mère dont la vie a été volée. Commence alors sous nos yeux le récit d’un quotidien infernal vécu sous l’emprise d’un monstre. Un homme invisible, un cauchemar qui se terre dans sa grotte sans jamais se montrer et qui pourtant anéanti tout. “Merveille” nous emmène dans un voyage sensoriel angoissant entre magie et réalisme. Nous rapproche au plus près des émotions et sensations d’une mère bien décidée à affronter sa terreur.

 

Faire briller la mère

Photographie de la représentation de “Merveille” au Centre Culturel d’Uccle.

“Merveille” nous plonge dans la tête de cette guerrière sans nom, cette mère avec qui notre cœur va s’aligner le temps d’une représentation. Sans jamais nous montrer un acte de violence physique, Jeanne Dandoy nous immerge dans la peur constante qui ponctue le quotidien de notre héroïne. Les actes les plus banals, les tâches les plus simples et les mouvements terriblement habituels se transforment en combat contre la peur. Une terreur née des violences psychologiques poussant peu à peu cette femme vers l’effacement total. L’angoisse est bien là, appuyée par une mise en scène du silence. La peur est suggérée, les sons sourds et les jeux de lumière accentuent cette ambiance malsaine où seuls les chants et les danses offrent quelques moments de répit. La scénographie occupe une place primordiale. Elle est un véritable personnage secondaire et le partenaire de l’actrice. Ce décor réaliste va évoluer avec l’intrigue, comme pour symboliser une émancipation progressive de cette mère sous emprise.

 

Le projecteur est perpétuellement braqué sur cette femme qui se débat, sur ses émotions, ses sentiments et sa vision de son histoire. Le prédateur est invisibilisé pour laisser toute la place à la victime qui sort de cette ombre qui lui a été imposée et qui enfin peut briller.

 

“Merveilles” de Jeanne Dandoy à voir au Centre Culturel d’Uccle jusqu’au 15 novembre.