Interview Halidou Nombre

Par Françoise Laeckmann

Halidou Nombre, ancien ingénieur aéronautique et banquier d’affaire, aujourd’hui chanteur baryton à l’opéra, reprend quelques « pépites » de son répertoire.

 

Nous avons échangé avec celui que l’on dit insolemment doué, au physique de prince, plein de charisme, doté d’une voix chaude et puissante (parlée et chantée), d’une justesse parfaite et d’un indéniable sens de la scène.

 

Pourquoi, après avoir travaillé dans l’aéronautique et la banque, avez-vous décidé de vous consacrer pleinement à la scène lyrique ?

« Par amour ! En parallèle de mon parcours classique, intéressé par la scène et la danse, j’avais déjà fait mes premiers pas sur les planches dans le registre de la comédie musicale avant de rejoindre un big band soul interprétant les grands classiques de la Motown. Et à l’époque de la banque et de l’aéronautique, où je m’ennuyais ferme, le destin m’a conduit à un cours de chant lyrique donné par une de mes collègues. Et là, j’ai eu un véritable coup de foudre ! J’ai alors fait mes classes au Conservatoire tout en travaillant et j’ai pu jouer des rôles à la fois en opéra et en musique ancienne. Et puis, le jour où j’ai auditionné – sans trop y croire – pour des projets musicaux plus importants et que j’ai été choisi pour trois d’entre eux, je me suis dit que je devrais en faire mon métier. Aujourd’hui, j’ai la chance d’être résident à la Chapelle musicale Reine Elisabeth où je travaille mes rôles, avec José van Dam et Sophie Koch, entre autres. Que ce soit de l’opéra, de l’opérette, de la musique de chambre et du lied. Parmi mes prises de rôle, citons, Escamillo dans Carmen de Bizet au théâtre royal de Mons en 2020, Golaud dans Pelléas et Mélisande de Debussy, Le dialogue des carmélites de Poulenc en 2016, Don Giovanni de Mozart (Leoporello)… Lors de la saison dernière, j’étais en tournée avec les frivolités parisiennes dans Normandie de Paul Miraski. J’ai également été invité au Festival d’Aix en Provence et aux Mozartiades de Bruxelles ».

 

Votre amour de la scène, cet aspect de comédien du chanteur lyrique prend-t-il de plus en plus d’importance ?

« Aujourd’hui, l’image d’Épinal du chanteur d’opéra au milieu de la scène qui chante sans bouger, ce n’est plus du tout ce qui est recherché par les jeunes chanteurs comme par le public. Si le chef d’orchestre va nous indiquer quelle intonation il veut entendre, ensuite vient une véritable direction de comédiens sur scène pour pouvoir interpréter une oeuvre. Cette adaptabilité de style, c’est aussi ce que l’on nous apprend au Conservatoire. On doit pouvoir chanter des oeuvres qui vont du 16ème siècle à Stockhausen. L’art lyrique est théâtre avant d’être musique, car le compositeur et le plus souvent son librettiste, partent d’une histoire, d’un drame, donc du théâtre, avant de composer la musique. Et c’est ce qui m’intéresse : je suis à l’aise avec mon corps et j’aime m’emparer de tous les répertoires possibles, incarner totalement un personnage, lui apporter mes émotions par le jeu et ainsi ma propre « patte ». Rendre ce qui est beau dans l’Opéra : il est un art vivant ! ».

 

Interview Françoise Laeckmann

 

Halidou Nombre voyagera dans un répertoire allant de Bach à Gershwin en passant par des airs plus swinguant comme Porgy and Bess ou Piazzola. Éblouissant de style, de brio et de punch vocal, Halidou Nombre, accompagné de l’accordéoniste le plus complice qui soit : Jérémy Herbiniaux (autrement dit Duo Dandini, connu pour rafraîchir tout ce qu’il touche), nous promet un récital spirituel, étincelant et festif. De quoi réchauffer nos âmes !