Antoine Wielemans est d’un talent formel, qui touche l’âme et le cœur, avec des mélodies nuageuses et entêtantes. Son nouveau projet solo riche de neuf chansons est éclectique, à la fois mélancolique et lumineux. Il chante pour la première fois seul et en français. C’est dans cette configuration intimiste, que nous le retrouvons, accompagné de ses musiciens, pour un concert pop et délicat. Antoine Wielemans est l’un des guitaristes et chanteurs du groupe d’indie pop belge, Girls in Hawaii. Après avoir été baigné au son du rock anglo-saxon de Nirvana, des Pixies, ou de Radiohead aux débuts de Girls In Hawaii, l’artiste opère une transition dans ses choix musicaux depuis une petite dizaine d’années en se plongeant dans l’œuvre de Serge Gainsbourg. Il se laisse aussi embarquer dans l’univers singulier d’artistes comme Bertrand Belin, ou encore Flavien Berger.
Antoine Wielemans, de Hawaï à Vattetot
On oublie tout. Le prix de l’énergie, la mort d’Arno, ou la bonne santé de Michel Sardou… On oublie ‘tout l’bazar’ ambiant et on s’offre une escapade au bord des falaises normandes, en compagnie d’Antoine Wielemans, et de son nouvel album.
Antoine Wielemans s’émancipe provisoirement de Girls In Hawaii pour proposer Vattetot, un premier album solo brut, intimiste avec lequel il tente, pour la première fois, le pari de la langue française.
« J’avais envie de bosser sur un projet personnel en parallèle de Girls In Hawaii qui, bien sûr, continue. Mais après 20 ans de vie de groupe, j’avais besoin de prendre un peu de recul, de travailler un peu à mon rythme et de faire quelque chose de plus personnel. À Vattetot, dans une maison louée aux parents d’un ami, j’ai franchi le cap de cette envie de me frotter à l’écriture en français, un fantasme que je caressais depuis longtemps. »
Un isolement volontaire
« Dans l’isolement, j’arrive mieux à faire du quotidien merdique quelque chose de magique. L’isolement m’a surtout aidé à être plus concret », dit le chanteur, guitariste, auteur-compositeur et désormais pianiste à propos de Vattetot. « Le plus gratifiant, c’est que même pendant les moments soi-disant creux, lorsque je me promenais ou prenais une douche, je restais en permanence dans ma bulle créative. Après quelques jours dans cette bulle, cela s’est mis à couler tout seul… »
Le fantasme d’écrire en français
« Je rêvais d’écrire en français, depuis longtemps. Ça a mis pas mal de temps avant de vraiment assumer l’idée, ma voix et les textes en français. Aussi parce qu’il est évident que ceux qui vont écouter l’album vont être plus alertes sur ce que j’y raconte. », confesse le chanteur. « D’ailleurs, depuis une dizaine d’années, j’écoute de plus en plus de trucs en français. En vrac : Serge Gainsbourg, Mathieu Boogaerts, Bertrand Belin, Flavien Berger, ou Daniel Darc dont je fais parfois des reprises sur scène. »
Leçons de piano
« Mon autre fantasme était d’apprendre le piano quand j’étais enfant. Malheureusement, lors de la première année, on ne touchait jamais au piano et ça m’a vite découragé. Du coup, je me suis mis à la guitare avec mes copains. Malgré tout, le piano a continué à me fasciner et il y a trois-quatre ans, j’ai décidé de prendre des cours. Avec la guitare, inconsciemment, j’étais un peu coincé dans mon ADN musical, par peur de surprendre les gens, de les perdre… » Voilà pourquoi un projet solo est jouissif. Personne n’attend rien, on va où on veut. »
Le concert « Tournée Vattetot » déroulera des plages musicales organiques, à l’image d’un disque à écouter au casque, le front collé sur la vitre d’une voiture ou d’un train, le regard perdu dans le paysage des falaises normandes qui défile…
Interview Françoise Laeckmann