Tania Garbarski
Aviez-vous connaissance des groupes de parole dédiés aux « Émotifs Anonymes » ?
Je n’avais pas connaissance de ces réunions avant de rencontrer Jean-Pierre Améris l’auteur (aux côtes de Philippe Blasband) et réalisateur du film. Jean Pierre est lui-même un “Émotif “ et ces réunions l’ont énormément aidé et c’est ensuite qu’il en a fait un film. Je n’ai pas été aux réunions mais observer Jean-Pierre et l’écouter nous décrire précisément cette pathologie ( qui n’est pas de la timidité) m’a beaucoup aidé à construire « mon » Angélique. Il y a bien plus d’émotifs autour de nous qu’on ne l’imagine. D’ailleurs, travailler ce texte m’a permis de me rendre compte que j’en étais une moi aussi ! Nous avons beaucoup de témoignages de spectateurs qui au sortir de la pièce réalisent qu’ils sont peut-être un peu émotifs anonymes eux aussi.
Et beaucoup d’acteurs sont des émotifs qui se cachent derrière leurs personnages…
Positives comme négatives, qu’est-ce qui déclenche chez vous les plus vives émotions ?
C’est tellement large. Lorsqu’on est émotif tout est sujet à émotion. Il peut m’arriver de pleurer devant une pub pour des Pampers (rires)ou en voyant un couple de petits vieux qui traversent la rue. L’injustice évidemment en général me fait hurler ou pleurer, la musique (l’opéra en particulier) ou dès que j’entends des voix à l’unisson, je me mets assez rapidement à pleurer, les enfants m’émeuvent souvent plus que les adultes.
Petite minute « émotion ». Votre dernière émotion « coup de cœur » ?
Ma dernière émotion forte, c’est la pièce de Joël Pommerat “Contes et légendes “. J’ai été totalement subjuguée et très émue par le sujet, les performances et la mise en scène.
Charlie Dupont
Aviez-vous connaissance des groupes de parole dédiés aux « Émotifs Anonymes » ?
C’est en répétition, avec JP Améris, qui est passé par ce type de thérapie, que j’ai appris l’existence de ces groupes de paroles. C’est fascinant parce qu’en fait, à certains moments de nos vies, on en aurait tous besoin. Nous avons tous quelque chose d’émotif.
Jean-René, le héros des Émotifs anonymes, se sent étranger au monde et panique à l’idée de tout contact physique avec une femme. Jean-René, c’est aussi votre histoire?
Brel disait “un acteur c’est quelqu’un qui arrive à dire à 500 personnes ce qu’il n’arrive pas à dire à une seule”. En ce qui me concerne, il y a quelque chose de ça dans ce métier. J’ai toujours cherché dans le jeu un endroit où dire des sentiments que je n’arrive pas forcément à livrer dans la vraie vie.
Positives comme négatives, qu’est-ce qui déclenche chez vous les plus vives émotions ?
Je peux être très injuste et violent (en parole) face à des attitudes qui m’agressent …Et parfois de manière injuste. Si j’estime être injustement agressé, mes réactions sont sans limites.
Petite minute « émotion ». Votre dernière émotion « coup de cœur » ?
Le film “ Annette” de Léo Carax surtout pour la manière dont il raconte l’histoire avec une grande économie de mots… En les remplaçant par de la musique.
