Ecouter un aperçu musical
Une nuit, arpentant des rues dormantes, Sabine Happard se baisse pour ramasser un bouquin abandonné sur le trottoir : ‘Ronsard, Les Amours’, c’est écrit dessus. Elle l’enfourne dans son sac.
Quelques jours plus tard, au gré de recherches infructueuses pour retrouver quelque papier administratif, elle farfouille dans son sac, et voilà le bouquin qui jaillit. Curieuse, toute considération administrative oubliée, elle en parcourt les pages. “Amour, que j’aime à baiser les beaux yeux de ma maîtresse, et à tordre en ma bouche de ses cheveux l’or fin qui s’escarmouche dessus son front astré comme les cieux. J’ai vu pire comme sexto.” Ainsi écloront les Jungles, toiles musicales miniatures brillantes comme du papier aluminium, où la profondeur parfois désespérée de l’auteur trouve son miroir dans la voix mutine et les arrangements lumineux de Sabine Happard. Personnage d’une “caustique candeur, un poil mystérieux”, un piano, une voix, aucun tabou musical, une fausse simplicité touchant… C’est un monde, Happard!
Pierre de Ronsard, né en 1524 et mort en 1585, est un poète français très connu et considéré comme l’un des plus importants du XVIème siècle. Qualifié de « Prince des poètes », il est l’auteur d’une œuvre vaste dont la production s’étend sur plus de trente ans. Le recueil Les Amours reste à ce jour le plus célèbre.
Ronsard est issu d’un milieu aristocrate. Son père s’intéressait beaucoup lui aussi à la poésie, ce qui a probablement favorisé la carrière de son fils dans ce domaine. Son père tente alors de l’introduire à la cour et Ronsard devient le page du roi François Ier. Il fait une carrière de militaire et de diplomate ce qui lui permet de beaucoup voyager et donc d’être soumis à diverses influences, notamment italiennes.
Cette carrière diplomatique prometteuse est cependant subitement interrompue. Une maladie, suivie d’une longue convalescence à la Possonnière, le laisse à moitié sourd. Cette déficience le force à changer de métier et il choisit de travailler pour l’Eglise ce qui lui offre des revenus suffisamment élevés pour vivre correctement, et lui permet de se consacrer à la poésie.
En 1544 il part s’installer à Paris. C’est dans cette ville qu’il crée avec Joachim du Bellay la Pléiade, groupe d’écrivains qui se donne pour mission d’enrichir la langue française (considérée alors comme vulgaire comparée au latin) et de créer une véritable littérature. Ronsard est un grand humaniste, il fait partie des plus grands poètes de ce groupe avec Du Bellay, qui écrit en 1549 la Défense et Illustration de la langue française considérée comme le manifeste de la Pléiade, c’est-à-dire le texte qui définit son but et ses motivations.
Ronsard a tiré une partie de son inspiration de Jean Dorat qui est son maître au collège de Coqueret. Il fréquente des poètes, des humanistes, des clercs, des gens de la cour du Roi. Il a participé à l’activité de l’académie de la poésie et de la musique, créée par Jean Antoine de Baïf. Il est devenu en 1558 un poète reconnu par les rois. Comme c’est un grand humaniste, il veut une poésie inspirée de l’Antiquité avec des auteurs comme Homère ou Virgile.
Ses principales œuvres sont Les Odes, Les Amours (avec Les amours de Cassandre et Les amours de Marie), Hymnes, La Continuation des amours (où sont ajoutés Les sonnets pour Hélène), Elégies.
Il meurt en 1585.