Puppet Shop à Uccle: des marionnettes très commerçantes!

Par Catherine Makereel (Le Soir – 12/05/2021)

On les a longtemps opposés mais aujourd’hui, à Uccle, commerces et artistes s’unissent pour animer votre lèche-vitrine. Chez le maroquinier ou le libraire, les marionnettes fleurissent en magasin !

 

A la veille de la Fête des mères, ça se bouscule chez May Flower. Occupés à choisir entre les roses et les tulipes, sur le trottoir du fleuriste, les passants ne remarquent pas tout de suite cette petite fille aux couettes rousses, l’air mélancolique dans sa robe jaune jonquille. Quand la petiote se met à chanter Colchique dans les prés, certains se figent, interdits. Ce n’était donc pas un mannequin qui posait là, dans la vitrine ! Non, c’est une marionnette, animée par une comédienne, qui interpelle soudain les clients, ou simplement les badauds qui se promènent, en ce samedi après-midi, aux abords du parvis Saint-Pierre.

 

Plus loin, une autre marionnette s’est carrément échappée de la vitrine d’une librairie pour venir titiller les enfants sur la place. Alors que certains, intimidés par l’allure exubérante de cette vieille femme aux cheveux rouges et au décolleté frondeur, se réfugient dans les jupes de leur maman, d’autres chérubins, au contraire, entament un dialogue avec ce drôle de pantin.

 

Autre ambiance au salon de coiffure : une marionnette, en cravate et short, parvient à nous faire esquisser quelques pas de salsa avant de commander un mojito au jeune client venu se faire couper les tifs. Dans la vitrine d’un magasin de vêtements, à quelques pas de là, un scout partage quelques blagues à deux balles (littéralement). Quant à l’atelier de couture du quartier, il abrite une dame sans âge qui nous fait écouter des grands airs de musique, tout en discutant de hachis parmentier et autres plats qui illuminent son quotidien.

 

Des performances imprévisibles

Toutes ces saynètes, pour une marionnette et un manipulateur, sont jouées dans les vitrines d’une dizaine de commerces d’Uccle-Centre, et inspirées de témoignages récoltés dans ce même quartier. En janvier dernier, Sébastien Chollet et Anne Romain, de la compagnie Point Zéro, sont allés à la rencontre des passants et des commerçants de cette partie de la ville, et ont collecté leurs réflexions intimes, désirs, colères, rêves et révoltes. Soutenus par les subsides d’Un futur pour la Culture, et encadrés par la Roseraie, les artistes de Point Zéro ont ressorti de leurs malles à trésors des marionnettes réalisées par Natacha Belova pour d’anciens spectacles (Les Trois Vieilles, L’Ecole des Ventriloques, etc.) pour leur faire reprendre du service dans les boutiques d’Uccle.

 

« La vitrine, c’est comme le cadre d’un castelet, remarque Jean-Michel d’Hoop, qui a mis en scène ces interventions urbaines. Nous avons dû adapter les textes car on s’est rendu compte, sur le terrain, du côté très interactif du dispositif. Les artistes qui manipulent doivent jongler entre leur texte et des impros, selon les réactions des passants.  » Le tout avec l’aide de micros et mini-haut-parleurs portatifs qui permettent de dialoguer à travers les vitrines.

 

Dans la devanture des Petits Riens par exemple, Isabelle Wéry incarne une cliente du magasin, s’épanche sur sa pratique religieuse tout en chantant La bonne du curé , une bouteille de rosé à la main, sans oublier de saluer les passants et de leur recommander le boucher du coin. Imprévisibles, intimes ou déjantées, ces performances culminent en fin d’après-midi dans un final chanté, sur le parvis.

 

Ne ratez pas les prochaines apparitions de ces marionnettes en magasin. Elles seront de sortie ce samedi 15 mai, dans le même quartier, mais aussi aux Métamorphoses de Liège, en août, où elles troqueront les boutiques pour des caravanes.